Gian Paolo
Borghetti: le poète de Tavagna
Vendredi 28 novembre, lors
d'une conférence organisée par l'ADECEC dans la salle de réunion de la maison communale
de Cervioni, Geniu Gherardi, professeur d'Université et auteur du livre
"Esprit corse et romantisme, notes et jalons pour une histoire
culturelle", a levé le voile sur le personnage Gian Paolo Borghetti, poète
de Tavagna et grand voyageur, devant un public particulièrement attentif.
Une conférence
qui sonnait comme une sorte de réhabilitation, Gian Paolo Borghetti
mourant le 4 novembre 1897 dans l'indifférence la plus profonde. Rares
sont en effet les personnes qui assistèrent à des obsèques célébrées en
catimini dans la petite chapelle bastiaise des « Capannelle ».
Le Bastia-Journal daté du 16
novembre 1897 lui rendait hommage en ces termes : « Et cet homme, tout de
dévouement, n'obtint pour toute récompense qu'une misérable place insuffisante
pour assurer le pain de ses vieux jours. Et chose inouïe, épouvantable, on eut
le triste courage de la lui enlever, il y a trois ans à peine, au nom de la
République française, sans avoir pitié ni de son âge ni de ses enfants qu'on
réduisait ainsi à la plus grande misère. O politique, que de crimes on commet
en ton nom !".
Gian Paolo Borghetti voit le
jour à Talasani, le 24 juin 1816, fils de Luigi Borghetti et de Paola Geronima
Orsini. Il appartient à l'une des plus illustres familles de Tavagna qui avait
pour devise « Decus et honor ».
En outre, cette réputation
était confirmée par l'adage : « in Talasani i Borghetti, cor di leoni e
cristiani perfetti ».
Dans une conférence où le
soin du détail paraissait évident, Geniu Gherardi a longuement présenté la
famille Borghetti, laquelle s'était illustrée notamment sous le règne éphémère
du roi Théodore et à l'époque de Paoli, puisque le grand-père de Gian Paolo
avait été grièvement blessé lors de la bataille de Ponte Novo et avait à la
suite de celle-ci demeuré durant près de neuf années dans les tours insalubres
de Toulon...
Les idées de Gian Paolo
Borghetti oscillent entre le désir de voir l'île demeurer dans une France
convertie au fédéralisme et le souhait de voir la Corse intégrer avec une
administration spéciale : une hypothétique « Repubblica federativa italiana ».
Même si ses activités
professionnelles ou plus strictement politiques prirent souvent le pas sur son
œuvre littéraire, Gian Paolo Borghetti compte toutefois parmi les plus grands
poètes corses d'expression italienne. Son inspiration peut étrangement être
rapprochée de celle d'un Giacomo Leopardi.
Le parallèle est loin d'ailleurs d'être excessif.
Le poème intitulé Pasquale Paoli fut écrit au mois
de mai 1869 pour commémorer le premier centenaire de la bataille de Ponte Novu.
Ce long poème fut publié à
cette époque en plusieurs extraits dans Le Phare de la Corse, hebdomadaire
publié à Bastia. Il s'agit d'une vaste fresque poétique constituée de quatorze
Canti, et qui constitue, sans nul doute, l'oeuvre majeure de Borghetti.
A travers cette
conférence, Geniu Gherardi invité de l'ADECEC, dont il fait partie du conseil
d'Administration, lui a rendu hommage.
Notons que cette dernière
conférence de l'année organisée par l'ADECEC, a été suivie de la
présentation et de la dédicace de l'ouvrage du conférencier Geniu Gherardi.
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C.R. : Jacques PAOLI - Corse Matin 30-11-2004
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